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◄◄◄ Cette tendresse, cette tristesse, cette violence tonnent à l'instant comme des évidences. L'on s'endort presque assuré que cette émotion, cette peine ou cette colère perdureront encore au réveil et tous les jours qui suivront. Assuré que demain et demain encore et autant qu'hier on saura aimer, on saura encore et comme hier pleurer, on saura quoiqu'il arrive se venger.
Mais si les lèvres qui embrassent et les mains qui giflent semblent des évidences, les corps des autres n'en restent pas moins que les abris d'ombres fuyantes et de sables mouvants. Les vies dansent. Les unes à côté des autres. Se frôlent, se bousculent, se caressent, s'agressent. Un regard éveille une intuition, une caresse réveille une évidence, et ce sont nos assurances qui s'en vont. Rencontrer l'autre, c'est s'en remettre, un peu, beaucoup, parfois passionnément, et à deux mains et à demain.
Comment être assuré d'un chemin, seul ou main dans la main, alors que l'on en est encore à parcourir ceux qui y mènent éventuellement ? Ce n'est pas tant ce chemin qui importe, ce ne sont pas tant ces autres chemins qui éventuellement y mènent, c'est encore la façon de marcher, c'est encore la façon d'entendre les cailloux qui craquent sous chacun des pas, c'est encore la façon de poser son cul dans l'herbe quand on est fatigué. ►►►
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