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◄◄◄ Bien sûr, dans ces villages de 3000 âmes à tout casser, les gens savent d'instinct que vous êtes un étranger.
S'ils savaient qu'il ne vient de nulle part. On lui demande chaque semaine, à tout hasard : «Vous venez d'où ?» Il répond vaguement : «de Bretagne». Ce serait trop long d'expliquer qu'il n'habite plus nulle part. «Ah c'est joli la Bretagne, mais il pleut tout le temps...» Un regard sur l'averse qui débite dehors et l'envie de répondre : «il ne pleut que sur les connards en tongs et camping-car l'été... non, ce n'est pas joli la Bretagne, c'est triste, vieux et con, aussi vieux, triste et con que ses inamovibles mégalithes.»
Bien sûr, ils savent au premier regard, au premier égard, que vous n'êtes pas d'ici. Ils vous regardent en chien de fusil. Poum ! Vous êtes le seul à être seul à table. Vous êtes le seul à ne pas rire. Vous êtes le seul à être pressé de repartir.
Dans ces villages inutiles, les gens avec qui vous travaillez sont toujours mariés, ont toujours des enfants, ont toujours une maison, ont toujours deux voitures, ont toujours des horaires à respecter, ont toujours des conditions à remplir, même le samedi, même le dimanche.
Il n'est que dans ces villes inutiles qu'il entend parler de chasse le dimanche, l'impudeur, il est évident que de savoir que le sanglier a été dépouillé dans la foulée de la tuerie et cuisiné avec des marrons le soir pour des estomacs qui n'ont plus même d'appétit, est essentiel à l'étranger. Entre eux et le sanglier, on se demande qui est le porc. ►►►
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