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BLAST. La Mayenne est de ces là-bas où le passager se sent égaré lorsqu'il passe une première fois. On traverse cet ailleurs, on ne s'y arrête pas, on y a presque peur.
Cossé Le Vivien, de ces villes qui, à priori, ne servent à rien. Carhaix en Finistère, Lencloître en Vienne, Digoin en Saône et Loire, tant d'autres villages et visages perdus.
Là, on y pose des valises, au passage du passager quelques sourires forcés le coeur lourd et gêné et l'on presse la tâche à accomplir dans l'urgence de repartir.
Les gens d'ici s'y serrent la main en semblant se connaître et s'apprécier. Il est vrai que même dans ces villages-là, ils ont aussi deux jambes et deux bras.
Villages construits autour d'une seule artère qui les transpercent pour mieux les fuir, visages dont on ne vient pas serrer la main par nécessité, ni par plaisir, seulement par hasard.
Il pleut. Evidemment. On circule bon gré mal gré sur un bitume enroué en n'apercevant qu'un petit vieux se traînant péniblement.
Si vous êtes en avance à votre rendez-vous, vous irez prendre un café et vous retrouverez le petit vieux devant un verre de Sauvignon, les yeux vagues, coulants, veineux.
Si vous revenez demain, vous le retrouverez, assis sur la même chaise, porteur des mêmes yeux. Si vous revenez après-demain et que le vieux n'est pas là, vous demanderez au type qui essuie ses verres pour s'occuper les mains et peut-être l'esprit : «pourquoi n'est-il pas là ?» Le type haussera les épaules. Sans doute, ne viendra-t-il plus. ►►►
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